• En ces temps d'hystérie communautariste et d'échanges belliqueux entre visionnaires de l'au-delà, je pars au front de la chtouille, la capote un peu en berne, le gland un rien mou, le palpitant sur la défensive, surtout quand la destination sent bon le folklore islamique, là où le barbu est roi et où la lime à bois fabrique à la chaîne du stigmate frontal, preuve d'un acharnement à prier, vénéré et vénérable...
    Et bien l'autre jour, dans un coin où, pour les filles, il ne fait pas bon se balader cheveux aux vents, j'ai vu la lumière tout en me prenant les pieds dans le tapis. En effet, j'ai été témoin de la révolte d'une classe entière de ces petits-enfants d'Afrique trop souvent prisonniers des représentations familiales et religieuses. Je les ai entendu crier haut et fort leur envie d'en croquer, de jouir sans entraves et d'envoyer chier bien loin les relents de féodalisme qui pèsent sur leur éducation... (Merde, ça c'est de l'intro)

    Et pourtant, ça avait débuté sur le mode affirmatif par : "les filles qui couchent, c'est des putes !", "il faut rester vierge jusqu'au mariage", "celles qui baisent sont des crasseusses" et tout le foin habituel. Je commençais donc à bailler un peu, de moins en moins surpris, quant à y regarder de plus près, je me suis rendu compte que toutes ces sentences sortaient de la bouche de deux jeunes filles qui ne semblaient pas faire l'unanimité.

    Les autres se marraient, les tançaient mais sans plus. Et puis, à mon grand étonnement, une fille a parlé de Samira Belil et de ses 13 ans salis dans une cave de Sarcelles, de ces fameuses tournantes et du manque de responsabilité de tous ceux qui savaient. "C'était bien fait pour elle, qu'elles ont bavé les talibannes, elle n'avait qu'à rester chez elle, cette pute"  J'allais parler de la naïveté dont on peut faire preuve à 13 ans face aux avances de garçons beaucoup plus âgés, de la vie qui n'est jamais aussi droite qu'un pape négationniste dans ses bottes, de la somme de nos fragilités tellement humaines... Mais la classe m'a suppléé, fatiguée de cette dictature de la morale à deux balles. Ils, et surtout elles, se sont tous levés, les ont insultés, renvoyés dans leur Moyen-âge... Elles ont même été lapidées à coup de boulettes de papier.

    J'aurais dû réagir, mais j'étais sous le choc, emporté par leur envie, leur fougue et puis, j'ai pris du plaisir à voir la révolte gronder, l'intégrisme "nopasaraner"... Ils se sont jeter sur les capotes comme des morts de faim pendant que les deux prêcheuses filaient à l'Iranienne...
    Le prosélytisme affichait ses soldes.

    Le meilleur était à venir. En rentrant chez moi, je découvrais un mail d'une bonne copine qui connaît mon aversion pour tout ce qui vient du ciel. Un lien cliqué plus tard, je lus que "Quatre jeunes avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Pau à suivre un stage de citoyenneté de deux jours pour avoir détruit des distributeurs de préservatifs". (http://www.libebordeaux.fr/libe/2009/01/quatre-jeunes-c.html). ils avaient agi par "conviction religieuse, contre l'avortement et la contraception"... Pour ma part, je les aurais condamnés à des TIG dans un Eros Center de la frontière belge, genre les mains dans le foutre toute la sainte journée... En tout cas, ces Versaillais émigrés ont été condamnés et pour un communard comme moi, ce fût double orgasme...

    Et si on profitait de la crise financière, pour lancer la grande braderie théiste, les grandes soldes du spirituel ?


    5 commentaires
  •  C'était à Yerres dans le 91 :

    - Vous savez, notre cerveau libère naturellement des endorphines pour lutter contre la douleur.

    - Pourtant, on ne nous tape pas toujours sur le cerveau...

    - Heu, qu'est ce que tu veux dire par là ?

    - Il faut taper sur le cerveau pour qu'il libère les trucs dont vous parlez...?

    - Les endorphines. Non, n'importe où pourquoi ?

    - Parce que mon père quand il me met des coups de ceintures, ça libère rien du tout. J'ai mal quand même. Tout le monde en a des endorphines ou y'en a qui n'en n'ont pas ? 

    On échange un regard avec l'infirmière. On s'est immédiatement compris. Lui, il était bon pour un entretien de Noël en privé. 

     


    3 commentaires
  • Natty - bedroom eyes

    Il est recroquevillé sur sa table comme un sénior en manque de DHEA et sans connexion internet pour contacter son dealer. L'omoplate gauche est saillante sous le pull jacquard. Il est bancal, limite désossé, bien que pas vraiment du genre à fréquenter <st1:PersonName productid="La Goulue" w:st="on">La Goulue</st1:PersonName> sur les pentes de Montmartre. La position maladive de son corps est l'exacte reproduction du vertige émotionnel qui le déborde. Il va passer deux heures le nez collé à son cahier, les yeux rivés sur une leçon imaginaire. Il entend, c'est sûr. Il imprime, sûrement pas.

    Il y a beaucoup de filles dans sa classe et forcément, on parle de contraception, quelle soit quotidienne ou d'urgence, puis d'avortement. Forcément. Je sens qu'il vit un calvaire, qu'il eût préféré faire Paris-Chartres à genoux puis rallier St-Jacques-de-Compostelle sur ses moignons restants, que peut-être il se récite déjà des « Notre père » pour expier. La prof n'avait pas besoin de me stipuler, à la pause, qu'il était le fruit d'une union à consonance latine, sans mariachis mais opus dei, catholique et intégriste. Comme beaucoup d'autres dans ce lycée du VIIe. Cette étiquette, il la porte, elle l'habite. Le pire est qu'il a choisit le premier rang et que mon sac de lubrifiant et de préservatifs est à quelques centimètres de lui. Satan à portée de mains, la luxure à portée de gland. La capote d'ailleurs, il me le rendra à la fin, ni dédaigneux, ni dégoutté... juste pas concerné.

    Dans « l'enquête sur la sexualité en France » de Nathalie Bajos et Michel Bozon (Ed. la découverte), ma bible, mon coran, mes saintes écritures à moi, j'ai lu que si la génération des femmes de 60 ans avaient entendu parler de contraception essentiellement grâce à leurs pairs, les filles de 18-20 ans citaient en premier l'école comme source d'information. C'est dire la responsabilité qui nous incombe de faire passer le message, le plus juste qu'il soit. Ça donne aussi du grain à moudre à tous ceux qui critiquent cette école publique qui aurait un peu trop ouvert son champs pédagogique à des faits de société (la sexualité, les conduites addictives, la différence, l'homophobie ...) pour faire de nos enfants, non plus des puits de savoir mais de futurs citoyens en phase avec leur temps.

    Nous sommes peu demandés dans les établissements confessionnels et probablement que la famille de ce jeune homme allait demander dès ce soir sa mutation pour un établissement plus hermétique aux débats sur la sexualité et autres joyeusetés engendrées par le vrai monde. Les voies du seigneur, qu'elles soient génitales ou pas, se doivent de demeurer impénétrables. Histoire de faire usiner la fabrique de Croisés.


    votre commentaire
  • Ils ne sont que deux. Le reste de la classe a filé. Je me vois déjà, rentrant plus tôt, surfant sur le net, une bière fraîche à portée de main. Mais, ils me prennent de vitesse, réclamant une animation privée, en petit comité. Ils ont des questions et ne sont pas pressés. C'est si rare que je me fais un plaisir d'accepter. L'infirmière nous laisse sa pièce de repos à disposition. C'est plus intime qu'une grande classe vide. Ils veulent voir le préservatif féminin, cette curiosité, dont ils ont entendu parlé mais qu'ils n'ont jamais testé. L'objet les laisse sceptiques.
    - « Avec ça, on doit avoir l'impression de taper dans le plastique »
    - « Taper ? »
    - ...
    - « Ça te semble le mot approprié pour décrire une relation sexuelle ? »
    - « Heu, vous m'avez compris... »
    Une fois de plus, on se refait un petit débat sur les mots utilisés, leur signification, les interprétations possibles... Une fois de plus, ils conviennent qu'on peut décrire autrement, mais que tous les jeunes parlent ainsi... Rassurant, ce n'est qu'une histoire de langue mal traduite et non d'actes mal compris.

    Vu qu'ils ne sont que deux et que la conversation se fait plus intime, je leur explique que j'ai deux enfants, information que je ne divulgue jamais pendant les animations. Le plus bavard des deux rebondit immédiatement, me questionnant pour savoir si je parle sexualité avec eux... Parce que chez lui, ce n'est pas envisageable une seule seconde. Sa mère a toujours censuré les films à la télévision dès qu'un couple s'y embrassait. Elle regarde donc la télé, le zappeur à la main, prête à officier à la moindre pelle... C'est Dieu, enfin Allah dans son cas, qui lui souffle l'attitude à avoir, qui maîtrise sa main, l'invite à protéger sa famille de ses images pornographiques, indécentes, qui salissent notre âme. Nous ne serions donc que des êtres bioioniques et c'est Allah qui aurait le boîtier de télécommande. Et Allah, ce n'est pas Manara. Son déclic ne nous titille pas la libido, mais juste la culpabilité. C'est Dieu qui donne du sens à l'existence, en assurant le contrôle social, en nous conférant une discipline de vie, en nous serrant la vis pour étouffer le vice...

    Allah serait donc un gros zappeur, impossible à rentrer dans les statistiques de Médiamétrie. Un petit coup d'œil sur les programmes de ce soir s'impose, histoire de tenter de repérer ce qu'il va regarder... La soirée spéciale "polygamie" sur France 2 devrait le faire marrer. D'ailleurs, il faut qu'il pense à commander un plus grand canapé pour ses 70 vierges qui ont tendance à s'affaler devant la télé. Il m'est avis que le titre "Des pissenlits par la racine" sur Paris Première devrait l'interpeller, lui le vendeur de concessions immobilières privilégiant les grands sous-sols avec vue imprenable sur le ciel. Puis, une fois que tous les mortels seront couchés, il devrait finir sa soirée par une petite branlette devant "Les chevauchées amoureuses de Zorro" sur Cinecinéma Culte. Moi je dis ça, ce n'est pas pour blasphémer mais bon, puisqu'il nous a fait à son image, alors l'inverse doit être vrai.

    Je ne sais plus qui disait : « ce ne sont pas ceux qui questionnent Dieu qui m'inquiète mais plutôt ceux qui entendent ses réponses... »


    8 commentaires
  • Le RER me dégueule avec la horde d'esclaves du pouvoir d'achat, aux yeux boursouflés par le sommeil, qui m'accompagnent dans une banlieue du sud de Paris, cossue, propre et sicavée des caves aux greniers... Pas une cloche dans la rue piétonne, pas un attroupement de jeunes devant les établissements scolaires, pas un chewing-gum qui ferait de la résistance, accroché aux pavés... Les mecs marchent vite, le portable vissé à l'oreille. Les femmes roulent doucement entre dépose-chiards et shopping matinal. Tout baigne. J'ai RDV pour une formation d'adultes que je co-anime sur le thème du «comment parler sexualité aux ados ?», un bon fourre-tout d'outils et de pratiques pour faire le tour du caleçon et du string de ces futurs adultes qui nous inquiètent tant.

    Le groupe est composé de parents d'élèves, exclusivement des femmes, qui ont décidé d'investir le lycée de leur progéniture pour y installer une structure d'écoute... Pourquoi pas ?  Le projet est largement soutenu par le maire UMP de la ville, qui voit dans cet engagement familial, l'assurance que la morale sera sauve. C'est vrai, on imagine difficilement des parents d'élèves choisis sur des critères plutôt conservateurs, témoigner de leurs diverses expériences de fumette, défendre le droit à l'avortement et inviter Act-Up à un zap pour répondre à des actes homophobes. Histoire de les instrumentaliser un peu plus, il nous a même envoyé sa première adjointe pour nous faire la retape en introduction de la formation... Sortez les violons.
    La "De Panafieu" locale tente d'abord de nous flatter l'ego en vantant les qualités internationales de notre savoir... Ni plus, ni moins ! Au passage, elle nous projette le diaporama de ses voyages cinq étoiles, tout en soulignant son profond désir de développer la prévention du sida au Chili, en Afrique du sud et même au Burundi (ne soyons pas radins). Les séropos de ces pays seront donc ravis d'apprendre qu'enfin, ils vont pouvoir découvrir ce qu'est une capote...

    Et puis, elle se tourne vers sa bande de missionnaires patronnesses et les remercient de leur sens du devoir, de leur engagement (qui ne coûtera pas une thune à la mairie), et de cet exemple magnifique de solidarité qu'elles donnent aux autres concitoyens. Pourquoi aller chercher des travailleurs sociaux, parfois un rien gaucho, quand on peut faire le boulot nous-mêmes, entre gens de bien, hein, je vous le demande ?

    «Sur ce, je vous laisse travailler et je vais visiter nos crèches, qui sont d'un cââlme, mesdââmes, qui prouve bien la quââlité de vie dans notre petite ville». On n'est pas chez les sauvages, ici.

    Ben voilà, on s'est regardé. On avait 3 jours pour apporter une réflexion sur les pratiques d'un groupe de bénévoles, femmes au foyer, qui avait répondu à un appel municipal comme on irait au patronage, qui se préparait à recueillir la parole des ados sans cadre, sans réflexions, sans le soutien du proviseur et l'infirmière scolaire, sans expérience, et des connaissances sur la sexualité et les conduites addictives limitées à ce que leur laissait entrevoir leurs propres ados et google... Quand je vois les problématiques soulevées à chacune de nos interventions, je me dis que les élus sont non seulement irresponsables mais aussi de vrais assassins. Je ne remets pas en cause l'implication de ses femmes et la belle énergie dont elles font preuve mais je doute fort que l'adjointe au maire soit aussi dithyrambique à leur sujet en cas de dérapage... Un gros raté avec un ado sur le thème de la sexualité dans un lycée, ça peut vous valoir la une du Parisien et vous faire perdre une élection, ça...


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique