• La loi est formelle sur le sujet : le consentement se doit d’être éclairé. Autrement dit, et même si cela vous paraît étrange, vous êtes tenus d’allumer la lumière chaque fois que vous faites l’amour afin de bien vous assurer du consentement de votre partenaire…

    Ils ont fini par lâcher les claviers de leurs téléphones portables, par se taire… Les bouches étaient certes grandes ouvertes, mais les regards reflétaient plus la surprise que l’envie de slammer. Je tenais ma petite vengeance. Une fois appâtées, il ne me restait plus qu’à les ferrer, ces grosses carpes…

    – Mais M’sieur, c’est impossible à vérifier…

    – Détrompe-toi ! La majorité des condamnations ont lieu grâce à la collaboration des voisins, des amis. Tu ne peux pas imaginer la quantité de lettres de délation que reçoit le juge des Affaires Sexuelles… Tiens, votre ancienne petite copine peut parfaitement écrire au magistrat pour se venger…

    – Mais on est tous dans l’illégalité, alors ?

    – Parle pour toi. Moi, j’ai installé spécialement une lampe au-dessus de mon lit, avec un inclinaison adaptable en fonction des positions…

    Silence total. Je n’en revenais pas. Tous ces ados sûrs de leur fait quelques minutes auparavant, n’hésitant pas à se foutre ouvertement de ma gueule en envoyant des SMS, étaient en train d’avaler ma recette spéciale de la sardine Marseillaise sur lit de champignons d’Amsterdam à la sauce grand veneur…

    Scotchés les pénibles, les télétoxicos… Ils n’en revenaient pas…

    – Mais alors, M’sieur. On est ultra surveillé, alors ?

    Tu ne croyais pas si bien dire, Man. Mais je n’ai pas voulu rajouter la couche "Sarko et Big Brother", histoire de ne pas virer trop Black Bloc… Nous étions dans un lycée, tout de même.

    Vu qu’ils étaient bien calmés et que je venais donc, de goûter à un calme récupérateur :

    – Franchement, vous aviez vraiment cru à cette histoire de lumière pour faire l’amour ??

    Beaux joueurs, ils se sont marrés en me traitant gentiment d’illuminé, tout en jurant qu’on ne les y reprendrait plus. En tout cas, j’ai pu continuer, concentrés qu’ils étaient sur l’éventualité de se voir servir une sardine jumelle, en train de décongeler.

     


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    spot AIDES Graffiti
    envoyé par AIDES-association. - Futurs lauréats du Sundance.


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  • Entendu aujourd'hui à Eaubonne dans le 95 :

    "…Si t'es en train de baiser avec ta meuf dans une cave, qu'un grand passe et qu'il a envie de passer dessus, tu dois le laisser faire. C'est normal, c'est la loi de la cité. Ta meuf, elle n'avait qu'à pas t'accompagner dans la cave. Les crasseuses, on les partage…"

    Faudrait que je brief mes voisins : lorsque ma compagne descend les poubelles, c'est pas pour se faire tourner mais bien pour descendre les poubelles…


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  • "M’sieur, moi je l’ai vu sur internet. Les meufs, elles kiffent grave les animaux. Surtout les chevaux avec leur grosse bite… 17 points de suture qu’elle avait la pute… "

    Ses potes sont morts de rire. Logique. Voilà une animation qui démarre au galop, me dis-je, en sans flagellation de croupes.

    Je balaye la classe du regard et tente d’accrocher celui des filles. Elles regardent toutes leur bureau. J’attends une réaction qui ne viendra pas. Elles semblent paniquées à l’idée de devoir entrer dans un débat avec le provocateur de service, montagne de gras boudiné dans son survet "trois bandes" Adidas, les jambes bien allongées sur le passage, visiblement fier de sa sortie et sûr de son fait.

    - Bon maintenant que tu nous a fait ton petit numéro de provo, tu peux nous dire qu’elle est vraiment ton sentiment face à ce type de photos ou vidéos ?

    - J'kiffe. Ben, c’est vrai M’sieur, les meufs, quand elles n’ont pas de mecs, elle se tapent des animaux. Elles en veulent grave.

    Re-poilade masculine. Re-silence féminin.

    - Moi, ce que je pense, c’est que tu projettes tes fantasmes, là. Que tu aimerais bien qu’on te considère comme un étalon, que les filles qui hantent tes rêves séminaux te chevauchent… Mais malheureusement pour toi, c’est dans ta main que ton sexe durcit et c’est dans le sac qui te sert de pantalon, que tu éjacules…. Ton rodéo sexuel, c'est madame cinq qui le dirige…

    Que les psys se rassurent,  je l’ai seulement pensé très fort en tenant son regard. Tellement fort d'ailleurs qu’il s’est ravisé. Un peu…

    - Enfin, peut-être que sur internet, ils en rajoutent. Mais moi, je l’ai vu. Et puis, c'est peut-être pas toutes les filles qui kiffent ça.

     

    On a passé une bonne heure sur les images pornographiques qui inondent la toile, la manière dont on y présente la sexualité, le sado-masochisme, les gang bangs et tous les trucs chelous, quoi… Comme ce blog où un catcheur mexicain s'amuse à tripoter une bite verte recouverte d'une capote par exemple…

     


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  • Sous la capuche de son sweat, je devine les larmes prêtes à rouler. Avec retenue, elle me raconte comment ses parents l’ont emmené de force chez le gynécologue pour vérifier si l’hymen sacré n’avait pas été souillé. Elle s’est retrouvée, à 15 ans, jambes écartées devant ses géniteurs et ses deux frères, dont le petit dernier de 3 ans, invité comme au spectacle, à venir mater la vulve de sa sœur, avec le Mengele du frottis constatant à haute voix la déchirure du voile intime, révélant donc la probabilité d’un ou plusieurs rapports sexuels. Le père a immédiatement crié à l’hérésie tout en calculant mentalement le nombre d'allers-retour pour La Mecque qu’il allait devoir se payer pour expier. Il a traité sa fille de pute pendant que sa femme passait sur le mode "hystérie", hurlements et crépage de son propre chignon compris. Elle, en pleurs, a finit par leur avouer une amourette de troisième qui sous la pression, s’est terminée en galipettes. Depuis, le père et le grand frère n’en finissent pas de l’ignorer ou de l’invectiver. Sa mère n’en finit pas de se lamenter. Son petit frère, lui, doit sûrement se demander pourquoi à la fin du spectacle, le rideau s’était refermé et personne n’avait applaudi. Elle, elle ne rêve plus que d’une chose : se barrer.

     

    Comment peut-on humilier et détruire à ce point son propre enfant ? La religion, serait-elle dénuée de toute humanité ? Le doigt de dieu doit-il à chaque fois tremper dans la cyprine avant de donner le droit de vie ou de mort ? Comment peut-on infliger une telle scène à un enfant de 3 ans si ce n’est pour formater un futur bourreau de femmes impies, de l’initier à l’intégrisme barbare. Comment une mère peut se prêter au jeu de la phallocratie, réduisant l’avenir de sa propre fille et par là-même celui de l’ensemble des femmes à sa virginité au moment de la consommation maritale ? Je suis une fois de plus consterné par tant d’obscurantisme assassin. Ces histoires, on les connaît par cœur mais là, une fois de plus, elles se matérialisaient devant moi, elles prenaient figure humaine dans les confessions de cette jeune fille.

     

    Je réclamais un nom, celui du praticien délateur, de l’enfoiré qui préfère l’hypocrisie à Hippocrate, qui torche son devoir de confidentialité avec quelques billets. Il fallait le dénoncer à l’ordre des médecins, lui faire bouffer son spéculum, le jeter en pâture aux agents du fisc… Elle a eu peur, a dit ne plus se souvenir, a exprimé sa crainte après sa parole libérée. Elle m’a demandé si je pouvais devenir sa hotline anti-dépression mais je lui ai expliqué que j’outrepasserai mon rôle, que je ne pourrai remédier à tous ses cauchemars. Je l’ai aiguillé sur Fil Santé Jeunes en espérant que la psy ou l’éducateur à l’autre bout du fil saurait la rassurer, l’accompagner. Je lui ai souhaité de rencontrer un type qui se contrebalancerait de ses foutaises de virginité de cul bénit, et qui l’aimerait non pas pour son hymen mais pour son sourire.

     

    Pourvu qu’elle survive à la vindicte familiale, à la déchirure.

     


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