• Aujourd'hui, le préservatif fait partie des meubles. D'ailleurs on pourra bientôt l'acheter en kit avec des étagères Billy et un sandwich à la viande de renne. Il a migré du fond de la bibliothèque bien planqué derrière le Petit Robert au premier tiroir de l'armoire à pharmacie familiale, puis à côté des épices au-dessus du plan de travail de la cuisine. Certains en font même la collection, comme les figurines Panini ou les boites de camembert. Pour la plupart, ils font office de petit supplément qui vient pimenter la partie de jambe en l'air, au même titre que le porte-jarretelles ou le sex toy. On n'est plus dans les années 60, quoi !

    Le condom est banalisé, intégré, partagé, visualisé, échangé, marketé, tête-de-gondolé, publivorisé, voire ballonné ou bombaoïsé dans les collèges et lycées... Quand plus de 80% des jeunes nous assurent utiliser un préservatif lors de leurs premiers rapports, l'acteur de prévention que je suis devrait donc être sûr de son fait... Nous nous sommes enfin appropriés ce qui est censé nous sauver de ces saloperies de chlams et cette pourriture de rétrovirus. Et pourtant, un doute m'étreint. Pourquoi beaucoup de jeunes hommes ou adolescents avouent régulièrement s'en passer ? Pourquoi certains de mes potes d'âge mûrs (ils me pardonneront) soupirent et lèvent les yeux aux ciel lorsqu'on aborde le sujet ? Quand j'invite les lycéens à réfléchir sur les contraintes du préservatif, c'est essentiellement le manque de sensations qui squatte le haut du listing. L'épaisseur moyenne d'un préservatif  dans le commerce est de 0,060 mm. Franchement, le feu d'artifice d'hormones et sa kyrielle de fantasmes projetés en 3D dans notre cerveau, associé à toutes sortes de sensations tactiles, ça devrait facilement nous aider à dépasser les 6 microns de latex que nous avons sur notre sexe. Alors, le manque de sensation, il a souvent bon dos.  

    Au sein du groupe, on fait souvent référence au déficit de sensations causé par le latex, comme pour justifier de son expérience aux yeux des autres... Autrement dit, si on sait, c'est qu'on l'a déjà fait. Mais, curieusement, l'individu, une fois seul, et après avoir dans un mouvement circulaire de la tête vérifier que personne ne pouvait l'entendre, finit par avouer que le préservatif le fait débander. Et il se sent très con et très seul, le faiblard de la trique, la bite en berne, scrutant sur le visage de sa ou son partenaire le moindre rictus. Comme le préservatif l'empêche d'avoir une sexualité épanouie et bien basta... Mieux vaut bander et prouver sa virilité que choper la chtouille...

    Aussi quand les filles me disent qu'elles éconduisent immédiatement un mec qui refuse d'avoir un rapport protégé, je leur demande de faire l'effort de demander les raisons au principal intéressé avant de le congédier... Peut-être que c'est ce problème d'érection qui l'inquiète et que pour lui c'est difficile d'en parler. A quoi bon deviser sur la protection si on ne parle pas de relation, donc de discussion et de confiance ?...

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  • <st1:PersonName productid="La Chine" w:st="on">La Chine</st1:PersonName> annonce 18.543 nouvelles infections au virus du sida au cours du premier semestre de l'année, soit presque le total de l'année 2006, rapportent les médias d'Etat. La principale cause de contamination est l'injection de drogue, a précisé un responsable de la lutte contre le sida cité par l'agence Chine nouvelle. Le pays comptait officiellement 214.300 cas de VIH/sida à la fin juillet, soit une augmentation de 5% par rapport au chiffre d'avril. Les Nations unies estiment que le pays compte quelque 650.000 cas.

    Je me souviens, il y a quelques années, d'un colloque où un groupe d'officiels chinois nous faisait l'honneur de son illustre présence. Un militant associatif leur avait demandé une évaluation du nombre de séropositifs ou malades du sida en Chine. Il avait émis le souhait de connaître les chiffres officieux, réclamant que pour une fois, les chinois s'émancipent de la langue de bois. La traductrice s'était penché sur l'épaule du délégué à l'information et avait traduit. Nous n'étions pas à l'ONU et la traduction simultanée devait coûter trop cher pour une simple réunion autour de la plus importante pandémie de l'histoire humaine...

    Le type, probablement sous surveillance militaire et mis en joue par un sniper planqué dans les combles, avait alors répondu droit dans ses bottes que le pays comptait seulement une petite centaine de séropositifs... qu'ils étaient parfaitement repérés par les administrations compétentes puisqu'ils étaient en prison. L'épidémie était donc sous contrôle... Les travées de la salle avaient alors été secoués par un fou rire devant l'énormité de cette déclaration sous contrôle... En Chine, c'est bien connu, on met du plomb dans la peinture des jouets et ceux qui causent trop finissent par faire le crabe dans les nems. Dans sa tombe, au milieu des vers, le Grand Timonier, fier de ses héritiers, a dû faire un sacré bond en avant.


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  • Entendu dans un BEP compta, une classe majoritairement féminine, aux langues bien pendues. Elles me racontent leurs soirées à tchater sur MSN.
    - Les mecs, ils ne pensent qu'à ça.
    - Ils sont vicelards, ils pensent tout de suite au sexe.
    - L'amour ils ne savent pas ce que ça veut dire.
    - Y'a que la pénétration qui les intéresse.
    - Ouais, l'autre jour sur MSN, y'a un mec qui m'a demandé tout de suite une mate. Puis il s'est branlé.
    - Et moi, une fois, le type s'est mis un doigt dans le cul.
    - En plus, c'est des vieux. Ils se font passer pour des jeunes...

    Je reprends la parole : « mais en les regardant, en continuant à tchater avec eux, vous les invitez forcément à continuer. Autrement dit, vous cautionnez leur attitude ? Pourquoi ne pas vous déconnecter quand ça va trop loin ? »

    - Ben, parce que c'est drôle...

    En France, chaque année, on recense 120 000 AVC (accidents vasculo-cérébraux), dont la majorité ont lieu après 65 ans... A titre préventif, je compte préconiser auprès du ministère de la Santé, l'interdiction du tchat le doigt dans le cul dans toutes les maisons de retraite... Serais-je entendu au Sénat ?


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  • L'année scolaire débute et pendant que les infirmières peaufinent leur planning d'interventions extérieures, je ronge mon frein (non, pas celui que vous croyez) en attendant la destination de ma première mission. Dans les médias, entre deux apparitions de Ben Laden sur fond de grotte grotesque en train de lire <st1:PersonName productid="la Lettre" w:st="on">la Lettre</st1:PersonName> de Guy Môquet à G.W. Bush, l'heure est aux grands débats sur la qualité de notre école : un marronnier de septembre. Sur Canal, l'autre soir, on a même vu le pire dans le raccourci journalistique. En effet, le documentaire tentait une comparaison hasardeuse entre notre système scolaire et celui du Danemark, forcément meilleur. Comparé un pays de 6 Millions d'habitants avec un de 63 millions relèvent de l'idiotie la plus totale. On nous a montré des classes de futurs vikings participant gentiment à toutes les propositions d'une maîtresse aussi érudit que jolie... Le meilleur des mondes teint en blond.

    Notre grande différence avec le Danemark, c'est que nous sommes un pays de forte immigration (pourvu que ça dure). Alors forcément, quand notre école accueille des enfants du monde entier, ce n'est pas toujours simple de trouver un langage commun, de créer un espace de rencontre pour toutes ces situations sociales si différentes. Ça demande forcément un peu de temps. Mais les gamins apprennent vite et petit à petit, n'en déplaisent aux irréductibles gaulois, notre société devient un vrai vivier d'échanges culturels. Si Canal voulait faire un panégyrique de l'école privée, les journalistes auraient dû le dire en préambule, j'aurais zappé tout de suite. Du coup, les parents s'inquiètent. Et un parent inquiet, ça éduque un gosse pas sûr, qui deviendra un ado dépressif, voire un adulte xénophobe... Je raccourcis à tour de bras et de virgules, mais les psys ne m'en tiendront pas rigueur....

    Du coup, contagion oblige, moi aussi, je m'inquiète un peu... Avec toutes nos interventions de prévention, nous participons à la construction d'une société peut-être trop anxiogène... C'est vrai, nos ados se cognent dans l'année, la prévention contre le sida, le tabac, l'alcool, le cannabis, les risques d'obésité, le mal-être, la violence, le racisme, l'antisémitisme, le cancer de la prostate, le Giscardisme, voire pire le Barrisme ... Ils voient défiler des anciens alcoolos, toxicos, gros (surcharge pondérale ayant pour cause une mauvaise alimentation ou une fréquentation trop assidue de Raymond Barre) qui viennent s'épancher sur des tableaux aussi noirs que leur histoire, utilisant la craie à des fins thérapeutiques. Il y a des jours où je me dis que c'est trop, qu'on charge peut-être inutilement la mule. Et puis d'autres, où suis persuadé que c'est nécessaire... C'est sain le questionnement sur ses pratiques, vont dire les professionnels de la profession. Certes, mais souvenez-vous, à notre époque, au siècle dernier, on avait qu'un seul type par an qui venait nous parler de la vie des grands. Et encore, le sujet abordé n'avait rien à voir avec les maux du monde mais souvent il venait simplement nous donner des idées de futures orientations professionnelles... Peut-être, finalement, plus dangereuses que la grippe aviaire ou le SRAS...

    Le pire, je l'ai vécu le jour où une infirmière m'avait dit en arrivant : - « vous tombez bien, c'est la semaine de la prévention. Ils sont ravis. »

    Tu parles, les élèves s'étaient ingurgités le lundi, une info sur l'alcool, le mardi sur les drogues, le mercredi sur les conduites alimentaires et je prenais le relais le jeudi sur le sida. Les pauvres gamins étaient prêts pour recevoir et mettre en pratique l'info sur le suicide du vendredi...


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  • <script language="JavaScript"> if(window.yzq_d==null)window.yzq_d=new Object(); window.yzq_d['p2ygK1f4aw8-']='&U=13k88q458%2fN%3dp2ygK1f4aw8-%2fC%3d200093858.201451850.202711931.200726115%2fD%3dLRE</script>

    Des malades du sida enterrés vivants en Papouasie Nouvelle-Guinée
    AFP - Lundi 27 août, 16h05
    PORT MORESBY (AFP) - Des personnes atteintes du sida ont été enterrées vivantes en Papouasie Nouvelle-Guinée par leurs proches qui n'ont pas les moyens de les soigner et redoutent d'être infectés, a affirmé une responsable humanitaire.

    Margaret Marabe, qui a passé cinq mois dans la région dans le cadre d'une campagne de prévention sur le sida, a raconté avoir vu cinq malades enterrés vivants. L'un d'eux appelait au secours alors que des pelletées de terre l'ensevelissaient, a déclaré à des journalistes Mme Marabe, qui travaille pour une organisation bénévole, "Igat Hope" (J'ai de l'espoir)."L'un des malades était un de mes cousins. J'ai demandé pourquoi ils faisaient cela. Ils m'ont répondu: « si nous les laissons vivre avec nous dans la même maison, nous allons attraper la maladie et on va peut-être mourir à notre tour ", a-t-elle relaté.

    En Nouvelle Guinée, le destin de l'homme séropo vient de croiser celui du poulet infecté par la grippe aviaire... J'imagine que beaucoup vont hausser les épaules en pensant très fort « quelle bande de sauvages arriérés, juste bons à se fourrer un os dans le nez... » Mais, en lisant cette dépêche du bout du monde, j'ai plutôt eu une pensée pour tous les séropos rejetés au quotidien dans nos contrées soi-disant plus civilisées. Je me souviens de cet employé de banque qui témoignait à l'occasion du 1er décembre (journée mondiale de lutte contre le sida) dans Libération et qui expliquait qu'à partir du moment où il avait informé ses collègues que son statut sérologique était positif au VIH, il déjeunait tout seul, buvait son café le matin tout seul, sa tasse ayant été soigneusement identifiée et mise en quarantaine sur le plateau de la cafétéria, et surtout, il n'avait plus droit aux bises du matin... En gros, on l'avait enfermé vivant dans son bureau... Certes cet enterrement social est moins violent physiquement que le trou dans le sol mais il peut appeler à une mort bien plus lente du pestiféré, muré dans sa solitude. Je suis certain que bon nombre d'entre nous, ont déjà « enterrés » un être humain à grandes pelletées d'indifférence... Si, si, en cherchant bien, on a tous un cadavre dans le placard.
    Aussi, les Papous comme les salariés de cette succursale bancaire feraient bien de se méfier. Tiens, vous aussi d'ailleurs, bande de fossoyeurs sociaux !... Un jour où l'autre, tous ces Zombies vont sortir de terre, non pas pour un gentil remake du « Thriller » de Michael, mais pour vous obliger à copuler sans capotes, à subir l'apesanteur de leurs corps putréfiés... Et tout en vous dévorant le lobe de l'oreille, ils vous cracheront à la gueule toute cette haine qu'ils ont ruminée par les racines...
    Bien sûr, George A. Romero peut m'appeler pour relancer sa carrière.

    PS Allez, je ne résiste pas : http://www.dailymotion.com/video/xadbe_michael-jackson-thriller (non, vous ne rêvez pas, Michael était bien noir).


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