• Travaux pratiques

    Depuis quelques temps, je préfère passer plus de temps avec les ados sur la manière d'établir une relation, plutôt que sur les différentes pratiques sexuelles et les risques encourus. De toutes façons, pour un bon nombre d'entre eux, à 15-16 ans, le premier rapport n'est que fantasmé et s'ils pratiquent la sodomie ou le cunnilingus, c'est uniquement sur Playstation ou XBox. Les ados reconnaissent être saturés d'images à caractère pornographique. À la télé, sur le net, sur leurs portables, dans les rues, les images de cul sont légions. Mais finalement, on leur parle peu de la relation, de la rencontre, des divers sentiments qui animent le cerveau, des diverses hormones qui électrisent les synapses, quand on passe en quelques minutes de l'excitation à l'angoisse de mal faire, du fantasme à la réalité, du corps habillé à la nudité, du sourire Email Diamant à l'haleine de cendrier... J'ai trouvé sur un site éducatif québécois, un outil intéressant qui incite à la réflexion, nommé la règle des trois C et définie comme suit :
    - Connaître ses propres limites, évaluer ses envies, ses désirs.
    - les Communiquer à l'autre.
    - s'assurer du Consentement mutuel.

    La notion de limites est souvent très floue. Jusqu'où sommes-nous prêt à aller par amour pour un partenaire ? Dans la sexualité comme dans le partage du quotidien. Dans la relation, les pressions sont multiples, les rapports de force incontournables. La jalousie, dictature qu'on travestie avec la robe immaculée de l'Amour, sert souvent de prétexte à une main mise sur l'emploi du temps de l'autre. Très tôt, les ados subissent les enjeux de la vie de couple sans s'y être préparés et nombreuses sont les relations conflictuelles. C'est toujours fascinant de les voir prendre à leur compte ce sujet sur les limites, car les débats ne manquent pas. Mais tout le monde n'a pas la même définition des limites, le même degré de protection de son intimité...

    A ce sujet, hier, j'étais dans un CFA restauration hôtellerie, avec des futurs serveurs et serveuses, âgés de 18-19 ans. La plupart avaient connu toutes sortes d'orientations foireuses ou d'impasses existentielles avant d'échouer ici. Deux filles et une quinzaine de garçons s'y partageaient l'espace. Partager n'est pas forcément le mot, car dès l'arrivée en classe, la bataille a fait rage pour s'asseoir à côté des deux jeunes filles, habillées, premières chaleurs obligent, très légèrement. Les deux vainqueurs ont tout de suite abhorrés le faciès fier du mâle, chef de meute, qui a pris l'ascendant sur le reste du troupeau, doublé d'une option pour les travaux pratiques. Comme pour mieux signifier leur victoire, les deux coqs ont tout de suite posé leurs mains, l'un sur l'épaule, l'autre sur la cuisse de leurs voisines de classe. Puisque c'était le sujet, je leur ai demandé de se tenir correctement afin d'établir tout de suite des limites...

    Comme je leur parlait de la règle des trois « C », une des deux filles, me jette d'un regard malicieux un : « Cul, Couilles, Clitoris », clamé comme un slogan de 68, capable à lui tout seul de faire imploser St Nicolas du Chardonnet, un dimanche de Pâques. Aussitôt la classe a exulté, frappé du poing sur la table, s'est astiqué les zygomatiques à défaut d'autres choses.

    J'ai réprimé un sourire et lui ai rétorqué que c'était aussi une façon de voir les choses mais que, comme entrée en la matière, j'avais dans l'idée d'élever un peu le débat. Pour le reste, la bagatelle, nous y reviendrions au dessert. Le garçon à côté d'elle en a profité pour lui passer la main entre les cuisses. La fille a pouffé, s'est tortillée un peu et lui a fait un clin d'œil l'invitant à aller plus loin. L'autre couple s'affairait lui aussi. J'ai surpris dans la même seconde le garçon en train de nettoyer l'oreille de sa compagne à grand coup de langue, la main gauche dessinant des courbes autour d'un sein. Je me suis dis que si les autres s'énervaient aussi, l'intervention risquait de virer au Gang Bang...

    Heureusement, l'heure de la pause cigarette vint à mon secours. Je réussis à retenir une des deux jeunes filles, celle qui m'avait donné sa propre définition de la règle des <st1:metricconverter productid="3C" w:st="on">3C</st1:metricconverter>.
    - Ça ne te gêne pas de te faire tripoter par un élève en plein cours.
    - C'est rien, ça, monsieur, ça passe le temps.
    - Tu ne t'es pas posé la question de savoir si ça pouvait gêner d'autres personnes de la classe ? Si ça pouvait me gêner ? Puisqu'on parlait tout à l'heure de limites, tu sais qu'on ne peut pas faire tout et n'importe quoi en société, en cours ? Qu'il y a un cadre, des lois ?
    - Mais je les emmerde moi, les autres. Il me met juste la main sur la cuisse. Et puis, lui, je le connais. Je sais qu'il sait s'arrêter.
    - Si je te demande de garder des distances pour la seconde partie, ça te convient.
    - Oui, c'est bon, d'accord.
    Elle est sortie en tortillant du popotin, tout en me jetant un regard qui aurait pu faire la couverture de FHM.

    Elle n'est jamais revenue pour la seconde partie de l'intervention. Son voisin, non plus d'ailleurs. A entendre les allusions des autres, j'ai compris qu'ils étaient passés aux travaux pratiques, en train de s'échanger quelques chlamydias aux toilettes. Je n'ai même pas eu le temps de leur distribuer des capotes...


  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:02
    ouin
    quand j'avais 15 ans, j'avais un appareil dentaire, et une frange, les garçons de la classe m'appelaient "bouton"... Ma maman avait raison, j'aurais du faire hotellerie... :)
    2
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:07
    @ Fil
    certains se sont déjà mis au travail...
    3
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:08
    @ Jane
    à en juger par les photos de ton site, tu n'as rien à restaurer. :)
    4
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:13
    hum oui
    mais j'aurais jamais connu les joies de me faire lécher l'oreille en cours, c'est ça qui me chagrine...
    5
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:13
    hum oui
    mais j'aurais jamais connu les joies de me faire lécher l'oreille en cours, c'est ça qui me chagrine...
    6
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:13
    mince
    je begaye...
    7
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:13
    mince
    je begaye...
    8
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:14
    bon ben ça suffit maintenant
    !
    9
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:17
    pas de regret
    le type avait de l'herpes...
    10
    Jane...
    Vendredi 27 Avril 2007 à 15:28
    hum, en effet, alors
    pas de regret, je repars de ce pas (travailler moi aussi un regard FHM, ça m'intrigue votre truc)
    11
    Vendredi 27 Avril 2007 à 16:40
    Ah...
    Les jeunes d'ass t'heure ! :-)
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    12
    Mercredi 9 Mai 2007 à 14:35
    bjr
    je t'ai lu chez fil...n'hé&site pas à copier coller les liens que je donne...une très belle fiction nommée démocratie
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