• La guerre contre l'éducation sexuelle est déclarée

    J'ai été alerté par certain.e.s d'entre vous sur l'initiative Pros-contre-educsex (http://pros-contre-educsex.strikingly.com/). J'ai jeté un œil à leur site et leur FB, puisqu'en ce moment, c'est très à la mode d'attaquer la prévention/éducation à la sexualité ! Vu la liste de signataires et le nombre de grosses pointures de la psychologie, on n'est pas chez les branquignols de MPT et forcément, ça interpelle. Sur tout ce qui concerne la petite enfance, je leur accorde du crédit, d'autant plus que ce n'est pas mon champs d'intervention. J'avoue, je n'ai pas épluché toutes les références du site mais deux de leurs propositions pour l'avenir m'ont quand même fait tousser.

    - Proposition 2 : "Arrêter totalement de parler de la théorie du genre". Mais "la théorie du genre", c'est vous qui en parlez. Pas nous. Cette fameuse et fumeuse "théorie du genre" est un pauvre épouvantail pour protéger les divines semences des familles tradis. Vous vous dites indépendants de la "Manif pour tous" mais vous utilisez la même rhétorique. Dans nos actions de prévention, nous travaillons plutôt sur les "stéréotypes de genre" et les normes sociétales qui influencent fortement nos vies affectives et sexuelles. Accompagner les jeunes dans la déconstruction de ces stéréotypes, c'est leur donner un bel espace de liberté et surtout d'égalité pour se réaliser pleinement. Oui, nous osons sortir de la binarité Hommes/Femmes, de l'hétéronormativité et ça bouscule pas mal de professionnels qui n'ont pas dépoussiéré leurs représentations depuis un bail.

    Dans sa vidéo, Maurice berger, pédopsychiatre émérite, nous dit "ce programme introduit la théorie du genre, c'est à dire l'idée selon laquelle, notre identité sexuelle, garçon ou fille, est une construction sociale qui n'est pas liée à notre sexe biologique. Donc comme notre identité sexuelle serait liée à notre manière d'élever les enfants, les filles jouent à la poupée et les garçons aux cow-boys, il faudrait sortir de ces modèles, les déconstruire avec pour objectif, je cite, qu'un enfant intègre la liberté de choix de ces modèles sexuels et ceci à la période même où il s'identifie à ses modèles familiaux, à son père ou à sa mère… Il s'agit donc d'une attaque des processus d'affiliation. L'enfant pourrait en quelque sorte choisir à quel sexe, il souhaite appartenir ".
    Non seulement, le grand spécialiste occulte les familles recomposées, monoparentales et homoparentales mais aussi il transforme la réalité : on n''invite pas l'enfant/ado à choisir son sexe mais on verbalise l'étendue des possibles, au-delà de son sexe d'assignation. Du coup, on visibilise les trans, on évoque les neutres, on redonne une identité sociale à de nombreux jeunes, grands oubliés des séances de prévention classiques.

    - Proposition 3 : "limiter l'information sur la sexualité à la prévention des risques, sur la base de données scientifiques"… Putain, mais vous déconnez complet ! On l'a fait dans les années 80, cette prévention hygiéniste en pleine urgence du sida et puis on s'est vite rendu compte des limites de la chose. La prise de risques est subordonnée à des tas d'autres facteurs comme l'état de la relation, le consentement et la légitimité à dire non, l'accès, l'observance et la négociation des moyens de protection, la prise de produit psychoactifs, le respect et l'attention qu'on porte à son/sa partenaire, la reconnaissance sociale de son genre (cis, trans ou que sais-je), son orientation sexuelle, la connaissance et l'acceptation de son corps malgré les normes imposées, sa sensibilité, son vécu, ses émotions, son environnement, son éducation… etc (Je balance en vrac, parce que vous m'avez énervé, là). Parler uniquement des risques en s'appuyant sur des chiffres, c'est juste complètement à côté de la plaque. Il faut travailler sur les représentations avant d'aborder les risques pratiques et en tant que psy, vous le savez bien, non ?

    Dans votre pétition, vous signalez : "Nous savons que la rencontre précoce de l’enfant avec la sexualité adulte ou conçue par des adultes peut être fortement traumatique et va à l’encontre du respect de son rythme affectif et cognitif, de sa croissance psychique, de sa maturation". On est d'accord sur ce point mais faut pas rêver, vos observations nient totalement l'émergence d'une nouvelle culture des relations, orchestrée par cette véritable révolution numérique que sont les réseaux sociaux et l'accès à internet aux très jeunes, qui semblent vous avoir échappée car loin de vos canaux d'infos du siècle dernier. Nous n'invitons pas à la sexualité, nous accompagnons le flux continu de cul gratuit qui inonde déjà leurs vies. "Pourquoi ne pas attendre que les enfants posent des questions sur la sexualité au moment où ils en ressentent le besoin ?" nous dit dans sa vidéo Maurice Berger. Je serai d'accord si nous n'étions pas à l'ère de la 4G et du numérique pour tous. Les enfants ne posent plus de questions, ils vont chercher les réponses au hasard des sites et auprès de YouTubeurs bien plus influents que leurs parents. Alors, plutôt que d'attaquer les programmes de prévention, mobilisez-vous contre ces multinationales du sexe qui spéculent sur la pornographie, cette industrie du clip qui cultivent tous les stéréotypes, ces talk-show qui banalisent le sexisme et l'homophobie… Ils sont là les vrais combats.

    La grande majorité des intervenant.e.s, professeur.e.s engagé.e.s sur cette thématique sont respectueux de la parole et du vécu des jeunes. Les programmes passent mais l'intelligence du terrain reste. Vous avez beau douter des animateurs que vous qualifiez d'"initiateurs/séducteurs", ils savent s'interroger sur leurs rôles même s'ils ne sont pas psychologues et diplômés. L'information est faite en toute bienveillance et croyez-moi les jeunes, dès le collège, ne nous ont pas attendu pour googliser "fellation", "gang bang", "règles", "taille du pénis" ou "clitoris" sur les beaux téléphones que leurs parents leur ont offerts à Noël. D'ailleurs ces parents qui témoignent sur votre site des traumas de leur progéniture causés par des séances de prévention, qui sont-ils ? quel est leur vécu ? leur propre rapport au corps, au sexe ?

    Et puis pour conclure, faites attention aux termes que vous choisissez, Maurice, parce que les réacs de tous poils commencent déjà à récupérer votre pétition et à la déformer, comme l'ont fait en leur temps les partisans de Farida Belghoul. On est sur un terrain plus que sensible, là. À moins que tout se passe comme vous le vouliez…

    Bien sûr si certain.e.s d'entre vous ont plus d'infos sur le sujet et ce fameux programme européen traumatisant à venir, je suis preneur.

    La guerre contre l'éducation sexuelle est déclarée


  • Commentaires

    1
    KL
    Mardi 17 Avril 2018 à 12:30

    C'est vous qui êtes à coté de la plaque "DOCTEUR" car vous cautionnez  cette "éducation"

    qui pourra rendre toute une génération déséquilibrée pour que le pouvoir de l'argent puisse  l'exploiter  tranquillement.

    A bon entendeur, salut.

     

     

    2
    vernhes
    Mardi 4 Septembre 2018 à 13:09

    parce que vous considérez qu'il faut laisser les enfants devant les écrans, leur acheter obligatoirement des tablettes et les laisser mater du porno parce qu'on est en 2018!!? vous avez ainsi l'impression d'être branché ??

    Et votre conscience ne vous dit-elle pas qu'il vaux mieux rester prudent et faire comme on a toujours essayer de faire ? c'est à dire préserver les enfants de tout ça, dans le doute, au moins tâchez de ne pas agresser les gens qui donnent leur vie et tout leur temps pour protéger réellement leurs enfants de ce monde pervers et déséquilibré.

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    3
    Amtor31
    Mardi 4 Septembre 2018 à 19:49
    Amtor31

    Bonjour,

    Au regard des commentaires, on peut se demander qui sont les déséquilibrés soumis au pouvoir de l'argent dans cette affaire. Vous jouer sur la peur pour vous conforter de votre rôle de parents "protecteur", mais c'est vous qui avez peur, enfermé dans vos fantasmes de décadence et de corruption que vous projeter sur les enfants, vous donnant ainsi bonne conscience, celle d'être un "protecteur", un gentil face aux horribles méchants. Biais psychologiques de base que vous ne questionnez pas, ne vous permettant pas de recevoir un avis nuancé d'un professionnel qui se pose des questions et agit au quotidien.

    Car vous, KL et Vernhes, avez-vous déjà évoquer les notions d'identité sexuelles, violences, normes sociales, pratiques à risques (ou pas) avec des proches ou des enfants (les vôtres si vous en avez) .

    Cracher dans la soupe est une chose bien facile, se tirer les doigts du cul pour changer le cours des choses en est une autre. L'action du Dr Kapote est d'un grand intérêt (j'aurais bien aimé vous avoir dans mon lycée) et est bien plus salutaire et sage que la posture du rejet dans la décadence et la corruption du tout tabou.

    Un type dépressif qui en a marre des persifleurs, cracheurs de venin et autre prophète que l'apocalypse (ou de l'apo - queue - lypse)

      • Totote
        Mercredi 15 Mars 2023 à 10:57

        Que de vulgarité. 

        Allez donc lire les témoignages des parents qui racontent les cours d'éducation à la sexualité et le résultat sur leurs enfants sur le site dont parle ce docteur. On ne parle pas de l'éducation sexuelle au lycée mais à la maternelle et en primaire en induisant des normes. En uniformisant la sexualité et en tentant d'inculquer à toute une génération ce qu'est la "bonne sexualité normale". 

        La sexualité est du domaine du privé. C'est à chacun de faire des choix sur sa propre sexualité et les enfants doivent être respecter dans leur développement. On ne doit pas leur imposer des contenus avant l'âge où il commence à s'y intéresser. Cela doit venir d'eux et pas de l'école. C'est bien le rôle des parents et pas des infirmières ou des associations. 

         

         

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