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Papa poules
Elle a un pied sur la table, mâchouille un chewing-gum, serre son Blackberry dans sa main gauche, relié par un écouteur à son oreille du même côté. Elle se marre, se lève, lisse ses cheveux avec un fer branché sur le secteur, remonte régulièrement la bretelle de son soutif. La classe, quoi.
Je me pince deux-trois fois, mais oui, on est bien en cours, dans un CFA coiffure… Elle s’en bat les couilles du regard des autres, du respect et tout le reste. Elle me toise sans arrêt et invective sa voisine de table qui parlait un peu trop de ses expériences personnelles :
- Pfff, la meuf, elle fait crari qu’elle s’est faite bouye mais c’est du mytho…
Ne cherchez pas sur Wikipédia ou Google traduction. Seules de longues années passées sur le terrain permettent de comprendre immédiatement ce type de dialecte local.
Un peu plus tard, elle me regarde droit dans les yeux :
- Franchement, M’sieur, une meuf qui est bonne et qui vous tape dans l’œil, direct vous la baisez, non ?
Je suis resté un peu interdit devant le manque de discernement mais je lui ai quand même répondu qu’à mon âge, on prenait un peu distance avec ses émotions, qu’on ne fonctionnait pas systématiquement à l’instinct. Qu’on pouvait trouver une femme à son goût sans lui sauter dessus. Et là, sans se démonter, elle me rétorque :
- Ben mon père, lui, il se gêne pas. Il la déboite la meuf.
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