• 343 salopes et moi et moi…

     Salut à toi - Berurier noir

    « Une vie contraceptive commence vers 15 ans et finit vers 40-45 ans... Vu la durée, on peut donc concevoir qu'il y ait des erreurs, des oublis, des moments où l'on passe au travers... » Cette introduction au reportage « Avortement, une liberté fragile » que j'ai vu l'autre soir sur France 5 est intelligente, car elle pose les vraies difficultés de la contraception dans son quotidien, sans rentrer dans l'éternel débat du « pour ou contre l'avortement ».

    Le reportage a magnifiquement montré les interrogations, la culpabilité, les angoisses de ces femmes qui choisissent d'avorter mais aussi de celles ou ceux qui pratiquent l'IVG. Contrairement à ce que pensent les nouveaux croisés de SOS Bébés et consort, ce n'est pas parce qu'on a légalisé l'avortement que les femmes le font de gaîté de cœur ou par facilité...
    C'est un droit chèrement acquis. Une gynéco de la génération d'avant 68 raconte les fœtus à même le sol, les hémorragies, les suicides... Elle argumente : « une femme qui ne veut pas d'enfants n'en aura pas, et elle fera tout pour avorter, au péril de sa santé ».
    Pourtant, de moins en moins de soignants acceptent de le pratiquer, de plus en plus de médecins, pharmaciens et leader d'opinion y vont de leur morale et les mouvements pro-vie n'ont jamais été aussi forts. Une conseillère conjugale du planning de Marseille, disait qu'on a fait d'un droit, un passe-droit et que l'air de rien, on fait comprendre aux femmes qu'elles ont de la chance de pouvoir encore interrompre leurs grossesses non désirées !

    Dans mes interventions, j'ai parfois la sensation de lister un peu froidement tout ce que les jeunes filles peuvent mettre en place pour éviter une grossesse : les préservatifs, la pilule, la pilule du lendemain, l'IVG médicamenteuse ou non. Comme si c'était facile, comme une notice à suivre...
    Mais la réalité est plus complexe que ça. Il y celles qui dépassent le délai légal, parce qu'elles ont quand même leurs règles, parce qu'elles angoissent tellement qu'elles mettent du temps à réagir, parce qu'on les culpabilise, parce que les listes d'attente augmentent, parce que les places sont chères, parce qu'elles sont mineures et que les anesthésistes hors-la-loi demandent des autorisations parentales... Il y a celles qui ont subi leur relation sexuelle, celles qui ont été larguées entre temps, celles qui ont déjà suffisamment de mômes, celles qui sont trop jeunes, celles qui craignent le courroux familial, celles qui ont essuyé une fin de non-recevoir de la part de leur compagnon qui s'en lave les mains, celles qui n'ont pas envie d'avoir d'enfants tout simplement...

    Que dire du témoignage édifiant de cette femme à qui le médecin a montré les « belles » échographies qu'elle ne voulait pas voir, a fait écouter le cœur du fœtus contre sa volonté et a signifié qu'après une bonne nuit de sommeil, sa décision aurait changé !!
    Nombreux sont les témoignages d'une liberté, d'un droit qui est remis en cause insidieusement. Pour l'instant, on n'interdit pas l'avortement, mais on limite considérablement son accessibilité. Et puis, surtout, on juge de plus en plus. Les classes suivent le mouvement, les élèves étant bien souvent le reflet des idéaux familiaux...

    Beaucoup de jeunes que je rencontre sont contre l'avortement, et les raisons religieuses sont le plus souvent invoquées. Ils sont formatés pour accueillir la vie et ceci uniquement lors de relations officialisées par le mariage... On fait fi des « erreurs » de jeunesse ou pas, des premières fois balbutiées, des oublis, du désir... On se doit de les enterrer au plus profond de sa honte et ceux ou celles qui se font prendre sont radiés de la famille, virés du cercle, satellisés comme des déchets qu'on ne veut pas enterrer ou incinérer, car toxiques pour la terre nourricière...

    En 72, au moment du procès de Bobigny, un slogan disait « mon vagin m'appartient ». Ce vagin, Sarkozy l'a confisqué à nouveau en fustigeant les années 68 et en nommant Boutin dans son gouvernement...

    Nous aurons, tous, bientôt, à redescendre dans la rue pour défendre le droit à l'avortement au nom des 343 salopes et des milliers qui ont suivi. Mais attention, car en face, il y aura des chouans, des chanteurs de cantiques en latin, des crânes rasés, des testicules barbues, des jupe-plissée-queue-de-cheval, leurs jockeys en soutanes, des poussettes piégées, des chiards hurleurs, des texans et leur troupeau de veaux. Et je reste intimement persuadé que c'est aussi un combat d'hommes... On ne vous laissera pas tomber les filles.


  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Juin 2007 à 14:55
    Vouaip...
    Ce n'est donc pas une impression, il y a de plus en plus de très jeunes mères ?
    2
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:07
    forcément
    mais ce n'est pas toujours lié… Ceci dit, je n'ai qu'une radiographie de l'Ile de France. ça va t'y miss lilly ?
    3
    Maquettes
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:08
    Bonjour DDurban,
    quand tu aura une date de manif,dis nous,je viendrais avec "mes" hommes et sans poussette!J'aimerais qu'on en arrive pas là quand même.De temps en temps,je vais m'instruire sur ceux que tu appelles les chanteurs de cantique en latin ici:http://abimopectore.over-blog.com/ ça vaut son pesant d'eau bénite mais je suis bienheureuse(hihi) d'avoir croisé ton blog entre temps,je m'y sens mieux!
    4
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:13
    Salut à toi Maquettes
    tu y es toujours la bienvenue. Mais vigilence, vigilence… je vais de ce pas voir ce lien qui va encore me donner des montées de nerf… :)
    5
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:13
    'A va, 'a va
    Mais ça me fait toujours bizarre de croiser mes copines de collège avec un bide jusqu'aux oreilles ou des mômes accrochés aux bras... Tu crois qu'on peut en avoir envie à 18 ou 20 ans ?
    6
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:18
    Bien sûr Lilly
    mais je ne suis pas certain qu'on mesure toujours à 18 ans tout ce qui va changer… D'ailleurs, rares sont les très jeunes couples qui résistent à l'arrivée d'un bébé… surtout les deux-trois premières années. Mais pourquoi pas ? on est libre, non?
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    7
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:22
    Voui, voui
    bien sûr... Et puis j'ai pas dit "couples"... Bref, quand tu veux dans la rue, chu fatiguée du consolage de copine larguée qui rentre chez Pôpamôman avec son gosse sous le bras...
    8
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:26
    quand je dis couples
    je ne pense pas forcément homme-femme marriés… mais je pense qu'à deux, c'est quand même plus simple, ne serait-ce que pour se relayer un peu dans la partie logistique et aussi s'appuyer sur l'épaule de l'autre dans les moments difficiles… sans oublier les bons moments à partager…
    9
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:30
    Ben
    voui, mais comme tu l'as dit, j'en connais peu qui résistent, des jeunes couples...
    10
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:31
    Bon sur-ce
    je me barre… salut et toi et mort aux cons…
    11
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:33
    Ah la la
    nos comms se sont croisés. je rajoute juste que le big love, je l'ai rencontré à 33 piges et mon premier enfant, je l'ai eu à 35… Alors, prenez le temps… et puis c'est pas une obligation, merde. Bises lilly, cette fois j'y vais.
    12
    Mardi 12 Juin 2007 à 15:49
    Salut Didurban,
    Voilà un bel exemple de médecin qui dépasse son rôle. Ca me fait penser à cette morale puante qui transpirait des vieux dictionnaires médicaux... Sympa, cette musique ;-)
    13
    mac
    Mardi 12 Juin 2007 à 16:50
    :):):):):):):)
    testicules barbues !!!! Excellent ! Du Mac Léon !!!! ;)
    14
    Mardi 12 Juin 2007 à 17:43
    343 salopes...
    Y'en a qui ont 100 vierges !!! Nous, on a 343 salopes... hum... mais attention : ne pas confondre "signer la pétition des 343 salopes" et " s'taper une fellation par 343 salopes" Remarquez : La signature peut être la même !!!!
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