• On parlait du sida. Une fois de plus. Sûrement pas la dernière au regard des chiffres toujours exponentiels de la pandémie. Au fond, ils étaient deux, puis quatre puis huit à débattre, s’énerver, affirmer avec la main qui fouette l’air comme on claque d’une beigne les paroles de l’autre. Je me suis dit, naïvement, que j’avais une classe avide de débattre et je commençais, sans l’ombre d’un semblant de méthode Coué, à croire que le sujet plaisait.
    - Vous pouvez nous inviter dans votre débat ? ça a l’air si passionné et passionnant…
    - Ben, on se demandait si le KFC de Bondy était halal ou pas ?!
    - Heu. Et vous ne pouvez pas régler ça à un autre moment.
    - Non M’sieur c’est important…
    Du coup, le sujet a contaminé les rangs, aussi vite qu’une grippe porcine. Pas halal du tout, d’ailleurs la grippe porcine. Ils s’y sont tous mis. Les pour et les contre. Pas un à s’abstenir. Une classe entière en pèlerinage à la Mecque du poulet frit, le KFC de Bondy…
    Du coup, j’ai sorti mon portable et appelé les renseignements pour avoir le numéro de ce fameux KFC. Silencieux, ils m’ont regardé comme on dévisage un type qui aurait pété une durite. J’ai finit par avoir le KFC et un employé qui n'entravait rien du tout sur le sujet…
    - Ils n'en savent rien, on peut continuer sur notre sujet de départ. Le sida…
    - M’sieur. Peut-être que vous n’avez pas bien compris. Vous êtes un séfranc, vous.
    Et le débat a recommencé, puis s’est étendu aux kebbabs locaux halal ou pas. Alors, plutôt que d’établir la cartographie des nourritures célestes, je me suis barré. Avec mes préservatifs et mon militantisme à la papa. Le sida, c’est plus dans l’air des banlieues, mec. La religion a moissonné tous les neurones qui avaient survécu à l'ingestion de toxines en friture ou hamburger.
    Sur le net, je suis tombé sur un de leur copain, en grande errance mystique, lui aussi…



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  • Depuis une bonne demi-heure, les deux rigolos de service finissaient toutes leurs phrases par « suce ma bite, salope ! »

    Alors, elle s’est levée et tout en les apostrophant, a déclamé sa tirade d’un seul souffle :
    - "Vous n’êtes que des pauvres connards, des bouffons… Suce ma bite ! Suce ma bite ! Vous jouez aux rois du sexe et dès que vous rentrez à la maison, vous vous pissez dessus devant maman. Vous jouez les anges gardiens auprès de vos sœurs, vous garantissez la bonne morale de la famille et là, vous vous lâchez comme des merdes. Suce ma bite ! Vous allez le répéter devant votre mère, ça ! On vous sucera rien du tout, pauvres cons. Votre bite, on lui met un coup de latte. Fermez vos gueules maintenant. On parle d’un sujet sérieux et c’est pas des gamins comme vous qui vont m’empêcher d’écouter."

    Elle s’est assise. J’ai lu dans le regard des filles de l’admiration. Les mecs riaient. Mais pas franchement. Moi, je suis resté aphone, craignant un peu quand même pour son intégrité physique après mon départ.

    - " Ben allez-y, m’sieur" qu’elle a dit, sereine.

    Deux jours après l’animation, dans le même lycée, "suce ma bite" m’a ramené les trois capotes qu’il s’était empressé de mettre dans ses poches non sans crier haut et fort « qu’il allait se la donner grave ». Comme je le questionnais sur le pourquoi de ce retour au SAV, il m’a avoué qu’il craignait que sa mère ne les découvre…


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