• Il a choisit mon intervention sur la "vie sexuelle et affective", terme générique au demeurant peu parlant pour les élèves (ni pour moi d'ailleurs), pour annoncer officiellement aux autres qu'il est (et probablement serait) homosexuel. Ceci dit, les autres s'en doutaient depuis longtemps, en plaisantaient souvent... Mais cette fois, ça allait être officialisé. Ça faisait un moment qu'il tournait autour du pot. A chaque étape de mon intervention, il trouvait toujours un lien avec l'homosexualité, lançait le débat sur les différentes orientations sexuelles, insistait sur le fait qu'il n'y a pas que les pratiques hétérosexuelles, que les sensibilités pouvaient diverger, qu'on avait pas tous les mêmes goûts, que l'espèce humaine était forte de ses différences...

    Inquiet qu'il ne s'expose trop, je répètais à 'envie que nous n'étions pas là pour parler de nos histoires personnelles, que des révélations avaient toujours un impact sur les relations à vernir, que je n'étais là que deux heures et qu'il leur restait plusieurs mois à vivre ensemble.

    Et puis, il y a eu ce moment où un autre élève, fier de ses origines portugaises et de son club de toujours, le PSG, a vomi sur ces "pédés" qui faisaient honte à l'espèce humaine, à ces erreurs de la nature que Dieu n'avait jamais voulu. D'ailleurs, les pédés, il n'y en avait pas au Portugal. La morue, dans son pays natal, quand on est un vrai mec, on la sèche, on la boulette, on la brandade éventuellement, on la "baise" parfois mais on ne la singe surtout pas... Alors, il s'est levé d'un coup, rouge de colère, pelotté de nerfs, prêt à en découdre et surtout empreint d'une farouche envie de se libérer de ce secret qui l'empêche de respirer, d'être. "Je suis un de ces sales pédés que tu veux éliminer, une erreur de la nature... Et pourtant, on déjeune souvent ensemble. On bosse même des fois ensemble..." Le Portugais ravale sa salive, rougit à son tour (d'un rouge moins colère et plus honteux sur le nuancier des émotions), scrute ses pompes et dit : "Toi, c'est pas pareil, j'te connais."
    Il n'y avait plus qu'à dérouler. Du débat, nous sommes passés facilement au consensus : c'est plus facile d'accepter les différences quand on connait les gens. J'aurais aimé à ce moment que plus de soit-disant proches acceptent la séropositivité de leur fils ou fille, de leur conjoint ou partenaire... Mais plutôt que de faire la fine bouche, je me contentais d'apprécier ce moment d'exception ou un portugais couillu du Kop de Boulogne reconnaissait son goût pour le Bacalhau à voile et à vapeur.

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  • A Pantin, avec une classe de BEP très vivante...
    "Taisez-vous, bande de bouffons. Moi, le sexuel, ça me connait. Quand le keum y bouffe la techa de la meuf, c'est un clitorus, monsieur."

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